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 Malgré des aigus qui dérapent dan se prologue la soprano fait une allégorie caractérisée invectivant, et prenant à témoin l’auditeur par la seule intensité de sa déclamation : voix longue et incisive qui impose un éclat en ouverture. L’Edita de Veronica Cangemi imposé un sens du texte et une très belle tenue accentuée malgré un timbre volée. La nobilta incandescente e lexcellentz soprano Francesca Aspromonte (jeune tempérament à suivre) accuse le relief d’une écriture très vocale car le génie de Stradella se dévoile surtout dans la conduite des récitatifs, vrais chantiers passionnants de cette intégrale en cours.
D’ailleurs on connaît l’engagement du continuiste Andrea De Carlo, soucieux d’une articulation juste et naturelle comme d’une intonation poétique Conforme à cette éloquence élégante et très sensuelle d’un Stradella maître de l’oratoirio du plein Seicento  (xvii ème Le très beau timbre racée fin de la basse bien chantante de Sergio Foresti complète un plateau de solistes très finement caractérisés.


STRADELLA, GENIE DE L’ORATORIO BAROQUE. Après un cd très convaincant – malgré quelques faiblesses (bien anecdotiques) : San Giovanni Crisostomo (2014, CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2015), l’ensemble italien Mare Nostrum dirigé par l’excellent Andrea De Carlo, poursuit son cycle dédié aux oratorios d’Alessandro Stradella, ici avec un absolu inédit sur un sujet spécifique, en liaison direct avec le contexte de composition : Santa Editta, probablement écrite à Rome au début des années 1670 (reprises attestées en 1684 puis 1692). Créée en Italie lors du dernier festival Stradella à Nepi (probable cité natale de Stradella, province de Viterbe, 50 km au nord de Rome) en août 2015, la production dont l’enregistrement prolonge la performance éblouit littéralement, sur le plan musical, grâce à une écriture dramatique nerveuse, efficace, d’une sensualité directe.

Sur le plan artistique grâce à un plateau vocal qui réunit les jeunes talents du chant italien, l’œuvre peut scintiller par sa fine écriture expressive, soulignant le contraste né entre l’aspiration à la vie monastique et les tentations des séductions mondaines : entre les deux mondes, où penchera l’âme (faussement) tourmentée de la souveraine ? Ainsi rayonne l’irrésistible Francesca Aspromonte, Nobiltà (Noblesse) d’une diction mordante, incisive, naturelle qui rétablit aussi ce génie des récitatifs qui caractérise Stradella. Voici donc après La Forza delle Stelle (la Force des étoiles), et donc San Giovanni Crisostomo – deux réalisations au concert puis au disque critiquées par classiquenews-, un troisième oratorio stradellien d’une grande beauté, servi par de jeunes chanteurs très impliqués. Peu d’action, beaucoup de sentiments, d’extase émotionnelle et sensorielle : la Sainte admirable, qui renonce au désir terrestre pour ne pas souffrir est ici confrontée à plusieurs allégories : Umiltà (Claudia de Carlo), Grandezza, Belleza (Fernando Guimãraes) et Senso (excellente basse chantante Sergio Foresti)…
Toujours un souci du verbe agissant, un relief déclamatoire qui force l’admiration. Et témoigne du niveau vocal et de l’exigence globale défendus aujourd’hui par Andrea De Carlo et son ensemble Mare Nostrum.

Voix usée et ligne continue mais contournée (ports de voix) qui n’a pas le mordant piquant des voix plus jeunes qu’elle, Veronica Cangemi déploie une belle ligne d’une fragilité touchante, dans la seconde partie, à l’expressivité juste, rendant à Edith ce profil vacillant, fébrile, en proie au doute existentiel, emblème édifiant de la condition humaine.
Chacune de ses confrontations avec les allégories (Bellezza, Senso, Grandezza, Nobilità) se fait prise de conscience sur la vanité de toute forme de plaisir terrestre et sensuel : fastes, pompe, plaisir, … saisissante révélation et leçon de réalisme que condense la question d’Editta, énoncée, dans la seconde partie comme un leit motiv avant chaque apparition : ” Dite su, piacer, che siete ?” / Dîtes-moi Plaisir, qui êtes vous ?”…
Autant de questions / réponses qui jalonnent un rite de passage, celui du renoncement, véritable école de l’adieu et qui culmine dans l’air d’Editta (n°40) : “L’orme stampi veloce il piè…” / Que les pas, vite, foulent le sol… Tout célèbre le choix moral de la Reine qui a su renoncer au pouvoir, aux futilités terrestres et matérielles.

Vraie tempérament grave et caverneux, la basse Sergio Foresti éblouit par son sens du verbe éloquent, percutant sans boursouflures, sur un souffle naturellement expressif (Senso) ;
Les chanteurs savent caractériser tous sans exception les arêtes vives de leurs textes respectifs. Avec cet engagement prêt à prendre des risques et à s’exposer au delà d’une réalisation conforme sans âme ; de fait l’imprécation finale par Humilità (d’un sentiment de culpabilité excessive : – “qui sème la douleur, récolte le bonheur”) permet à la jeune soprano Claudia Di Carlo, de refermer le livre qu’elle avait ouvert, un Sybille embrasée, vive, nerveuse.

Au regard de la cohérence vocale du plateau, du soutien subtilement caractérisé du continuo, voici l’un des meilleurs enregistrements du cycle Stradella en cours : l’oeuvre est passionnante, belle révélation du Festival Nepi 2015 joué pour son ouverture (le 30 août). CLIC de CLASSIQUENEWS de mai 2016.

 

CD, compte rendu critique. Stradella : Santa Editta, vergine e monaca, Regina d’Inghilterra. Oratorio pour 5 voix et basse continue. Ensemble Mare Nostrum. Andrea De Carlo, direction (1 cd Arcana), enregistré en août 2015.

 

 
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