top of page

Cette réalisation constitue le troisième volet de ce que le chef Andrea De Carlo appelle « The Stradella Project », autrement dit l'enregistrementd'œuvres  d'Alessandro Stradella (1639-1682) et en particulier ses oratorios. Le compositeur, à la vie tumultueuse, a écrit entre autres six oratorios dont trois sur des figures de saints très populaires en Italie au XVII ème siècle.

 

Ainsi de Santa Editta, Virgine Monaca, Regina d'Inghilterra (1670), sur un texte de Lelio Orsini, chantre du genre pour avoir commis moult canevas offerts à divers musiciens de l'époque. Édith, sainte anglaise du Xème siècle, retirée dans l'abbaye de Wilton, aurait refusé la couronne d'Angleterre qu'on lui offrait, préférant la vie monacale aux fastes du pouvoir. Elle mourut à 30 ans. Son destin a peut-être à voir avec des événements contemporains de la création de l'œuvre : le mariage de Jacques II Stuart, Duc d' York, et de Marie-Béatrice d'Este, manigancé par Louis XIV qui souhaitait placer sur le trône d'Angleterre deux catholiques qui lui seraient fidèles. Il fallut l'intervention du Pape Clément X pour convaincre la jeune Béatrice d'accepter cette couronne. Les hésitations de cette dernière ne sont pas sans rappeler celles d'Édith. Le texte de l'oratorio ne raconte pas une histoire, mais véhicule des valeurs : celles de l'Humilité, de la Beauté, de la Grandeur, de la Noblesse et du Sens, offertes au choix de l'intéressée. Il y a ici un contexte allégorique en forme de parabole, que Haendel utilisera dans son oratorio Il trionfo del tempo e del disinganno.

 

En deux parties, l'oratorio de Stradella est à cinq voix. En fait pour six personnages, celui d'Édith (soprano) dominant les autres protagonistes que sont l'Humilité, la Beauté, la Grandeur, la Noblesse et le Sens. La musique épouse le texte avec grande sensibilité au fil de courts récitatifs et d'arias tout aussi concis, Stradella instaurant une vraie continuité entre les deux modes. Toujours vivante, elle comprend aussi de petits ensembles, comme le Terzetto unissant Noblesse, Grandeur et Sens, ou le Duetto terminant la première partie, opposant l'Humilité et la Grandeur.

 

L'interprétation de l' Ensemble Mare Nostrum fondé en 2005 par Andrea De Carlo est enthousiasmante, que ce soit dans la basse continue bien sonnante ou la délicatesse apportée à l'accompagnement des chanteurs. Au premier rang de ceux-ci, Verónica Cangemi offre un superbe portrait de Santa Editta et une vocalité parfaite au fil d'arias et d'ariosos très différents les uns des autres. Auprès d'elle, on admire le fin ténor de Fernando Guimãraes (Bellezza), le contralto sonore et en même temps empreint de douceur de Gabriella Martellacci (Grandezza), la pimpante soprano de Claudia Di Carlo (Umiltà), le soprano éthéré de Francesca Aspromonte (Nobilità) et la basse claire de Sergio Foresti (Senso). Une bien belle réussite !

bottom of page